Une enveloppe peut valoir le prix d’une cargaison.

Une enveloppe peut valoir le prix d’une cargaison.

Cela vous surprend ? Lisez donc.
Ceux qui font de l’import-export savent que le B/L (Bill of Lading) ou connaissement en français est le titre de propriété d’une marchandise. Quand celle-ci est embarquée dans un bateau pour être livrée à son acheteur, le B/L est émis avec les indications permettant au destinataire de prendre livraison de ses produits, à condition qu’il produise l’original. Ce document est en général expédié par messagerie expresse, de type DHL, ou autre.

S’agissant d’une lettre, on y indique rarement une valeur pour l’assurance. Et bien, on a tort.
Imaginez que le B/L original qu’on vous a expédié, vous étant l’acheteur d’une marchandise, d’un container, bref d’une valeur de quelques dizaines de milliers d’euros, imaginez que ce B/L se perde.
Vous pensez peut-être que cela doit arriver bien des fois, ne serait-ce que statistiquement parlant, vu la quantité de marchandises circulant d’un point à l’autre du globe, et qu’il y a forcément une solution pour ce type d’inconvénient.. Figurez vous que non. Il n’y en a pas. Ou alors des solutions quasiment impraticables.

Que se passe-t’il ? La compagnie maritime ne voudra pas vous relâcher la marchandise, même si vous produisez la copie scannée que vous aurez certainement eue, envoyée par email, même si vous faites toutes les attestations possibles. Puisque vous ne pouvez pas présenter le titre de propriété original, le fameux B/L, elle ne voudra pas se mettre en porte à faux avec une autre entité que vous, qui pourrait, elle, être en sa possession.
Le B/L original pourrait ne pas être perdu pour tout le monde. Une personne pourrait l’avoir trouvé, et réclamer la marchandise. Et la compagnie maritime devrait la lui remettre, même si son nom ne figure pas sur le titre de propriété.

Pour une simple négligence de quelqu’un dans la compagnie de messagerie chargée de convoyer votre lettre, une cargaison d’une valeur de plusieurs dizaines de milliers d’euros peut ainsi changer de main et être remise à quelqu’un –de mal intentionné, mais de bien informé- qui n’aurait pas déboursé le moindre centime pour l’obtenir !
Alors, bien sûr, après, vous pourrez dénoncer l’escroquerie, tâcher d’obtenir réparation en justice… mais cela est une autre affaire qui ne concerne pas la compagnie maritime, fondée à remettre la marchandise au porteur du titre de propriété.
Maintenant, pour combien assurerez-vous vos prochains envois de B/L ?